Quel est votre diagnostic ? C'est la bucéphale
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DÉTECTION
La bucéphale (Phalera bucephala), dite porte-écu-jaune ou lunule, appartient aux notodontidés. Cette famille compte une cinquantaine d'espèces en France. Elle regroupe des lépidoptères robustes, à ailes relativement étroites. Les ailes antérieures sont souvent garnies d'une touffe de soies sur le bord postérieur.
La distribution géographique de la bucéphale est étendue, couvrant une zone de l'Europe occidentale à l'est de l'Asie. Cette espèce est très largement répandue sur notre territoire national et son éclectisme écologique fait qu'elle peut se rencontrer dans les milieux les plus divers, y compris en zone urbaine.
Sa préférence est néanmoins marquée pour les habitats campagnards et forestiers. On la rencontre dans les prairies, les bois de feuillus ensoleillés ou semi-ombragés jusqu'à 2 000 mètres d'altitude, les allées arborées, les gravières, les haies champêtres, les bosquets, les pépinières d'élevage, ainsi que les parcs et jardins. Hormis les plantes hôtes déjà citées, la bucéphale se nourrit au stade larvaire de différentes espèces d'arbres caducifoliés (Alnus sp., Betula sp., Corylus sp., Salix caprea, Sorbus sp., Populus sp., Prunus sp., Ulmus sp.), défoliant des branches entières avant de passer à un autre sujet.
CONFUSIONS POSSIBLES
Une erreur de diagnostic peut éventuellement porter sur d'autres espèces de chenilles grégaires infestant des arbres feuillus, comme la processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) ou encore le bombyx disparate (Lymantria dispar). Mais en principe, le faciès des larves de bucéphale est particulièrement bien reconnaissable et ne prête pas longtemps à confusion.
TRANSMISSION ET DÉVELOPPEMENT
Phalera bucephala ne donne en général qu'une seule génération annuelle et hiverne à l'état nymphal, mais peut occasionnellement produire deux cycles complets dans les régions septentrionales. Le papillon est alors actif en mai-juin, puis en juillet-août. Ses moeurs nocturnes le classent parmi les hétérocères. Il dispose le jour d'un camouflage efficace grâce à sa livrée évoquant un petit tronçon de rameau vermoulu, une branchette brisée ou encore l'écorce d'un bouleau. En arrière de la tête, l'arrondi des ailes brille en effet d'un éclat argenté. Ce mimétisme est censé assurer une protection naturelle au papillon. Avec ses 55 à 65 millimètres d'envergure, le mâle compte parmi les plus grands notodontidés. L'imago ne s'alimente pas. En conséquence, l'accouplement intervient très rapidement après le passage au stade adulte, dans un délai de 24 à 48 heures, souvent moins encore. Cette rapidité vaut également au niveau de la ponte, car la durée de vie du papillon est brève, puisque dépendante des seules réserves graisseuses d'origine. Après la période d'incubation, les chenilles émergent et rongent le feuillage de la plante hôte. Leur instinct grégaire est très marqué. Elles sont disposées parallèlement, blotties les unes contre les autres, en rangs serrés, durant toute la prise de nourriture. Le développement larvaire de la bucéphale s'étend principalement de juillet à mi-octobre. La période d'activité dépend du nombre de générations et de la zone bioclimatique. À l'avant-dernier ou au dernier stade, les chenilles se dispersent. L'errance de prénymphose les conduit souvent très loin de l'arbre nourricier. En fin de cycle, elles descendent à terre pour se nymphoser sous forme d'une chrysalide dans la litière organique des feuilles formant l'horizon de surface du sol. Cette loge souterraine comporte des parois faiblement tapissées de soie. La nymphe est nue, de couleur brune, dépourvue de cocon ou d'agglomérat terreux.
Par Jérôme Jullien, expert horticole
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